Kagami sortit du court de tennis complètement exténuée. Le match avait duré trois heures, et s'était soldé par sa défaite dans le troisième set. Jouant le jeu, elle avait accepté la boisson de son adversaire, et avait un peu discuté avec elle. Mais elle n'en était pas pour autant frustrée et énervée, et de plus, ses jambes étaient atrocement douloureuses.
Cela faisait environ un an que Kagami avait repris le tennis. Elle avait passé la plus grande part de son enfance sur un court, espérant en son cœur devenir un jour une championne. Son professeur l'avait soumise à un entraînement impitoyable, voyant en sa petite élève une graine de compétitrice.
Mais, quand sa mère avait épousé l'être infâme qui se disait « son deuxième papa », elle avait été obligée de faire une croix sur son rêve, sur l'obscur motif que « cela n'est pas bon pour elle de passer autant de temps là-bas, au lieu de traîner avec ses amis! Il faut qu'elle ai une enfance, cette gamine! Et, de plus, nous jetons trop d'argent par les fenêtres pour ses matchs, son entraînement, sa tenue...Enfin bref, plus de tennis, point final. »
Kagami savait que l'interruption avait été fatale à ses espoirs. C'est pour cela qu'elle n'avait pas repris tout de suite en entrant à StarthClyde. Mais son plaisir de taper dans une balle jaune avait été plus fort, en fin de compte, et elle jouait, sans espoir de titre, mais elle jouait.

Se demandant quelle heure il pouvait bien être, Kagami jeta un vague coup d'oeil à la montre d'une personne qui marchait non loin d'elle. Ses yeux s'écarquillèrent sous la surprise. Il était déjà cette heure là! Elle se trouvait encore dans la ville, et elle avait un cours de coréen qui débutait...dans cinq minutes!
Décidant de taper un sprint jusqu'à l'école, la jeune fille se mit à courir, sans plus s'occuper de la douleur dans ses jambes, son sac de sport qui battait contre son dos.

Kagami passa rapidement les imposantes portes de StarthClyde, ne lançant qu'un vague sourire aux membres de la classe des Silver Hope, plus jeunes, qui lui demandaient gentiment où elle comptait aller comme ça. Se disant intérieurement que sa prof de coréen allait la massacrer sur place quand elle entrerait, la jeune femme décida qu'elle n'avait pas le temps de se changer. Tant pis, elle prendrait une douche après!
Elle monta les escaliers aussi vite qu'elle le pouvait, gênée par son sac, et déboula dans son dortoir après avoir composé le code. Une fois entrée, elle jeta son sac dans un coin, se passa le visage sous l'eau et se recoiffa rapidement pour se donner un air à peu près présentable. Les gens de sa classe ne manquerait pas de remarquer sa jupe noire de tennis et son T-Shirt de sport blanc, mais elle n'avait pas le temps de se revêtir de son bustier et de sa jupe habituelle. Passant simplement par dessus le tout son manteau blanc long au motif de dragon, Kagami attrapa son sac de cours au vol et ressortit de son dortoir en courant. Quelque part dans l'école, une horloge sonna le quart. Un quart d'heure de retard, c'était un moyen de suicide rapide avec la professeur de coréen, et la Silver Hope s'entendait déjà dire « Désolée Madame, mon match a terminé plus tard que prévu, je suis désolée... » etc etc. A moins qu'elle ne lui demande de s'excuser et d'expliquer la raison de son retard en coréen?

Alors qu'elle cherchait sans trop s'en rendre compte comment se justifier en coréen, Kagami avait enfin atteint le couloir, et voyait même la porte de sa salle. Mais, à seulement quelques mètres de son objectif, elle entendit une voix derrière elle:

-Hey, toi!! Qu'est-ce que tu fous là...Et dans cette tenue?!

Kagami ignorait qui avait lancé cette exclamation. Sans doute un prof, ou un surveillant, au vu de la voix. C'est sûr qu'elle devait offrir un bien amusant spectacle, avec son sac de cours, et ses vêtements de tennis sous son manteau blanc ouvert! Elle ne savait pas à qui il avait affaire, mais elle avait décidé de jouer sa grande gueule. Après tout, ce n'était pas de sa faute, elle avait au contraire fait tout ce qu'elle pouvait pour arriver le moins en retard possible! Alors, tant pis, il était hors de question de se laisser marcher sur les pieds, et de baisser le regard! Elle n'avait jamais détourné les yeux, ce n'était certainement pas aujourd'hui qu'elle allait commencer!
Kagami s'arrêta net, poussa un long soupir, et se retourna.

En se retournant, Kagami s'attendait à voir un pion en colère lui demander son carnet, la sermonner, etc etc...La routine, quoi. C'est pourquoi elle fut bien surprise de voir un deuxième homme s'approcher d'eux. L'attention de la jeune fille quitta provisoirement le premier surveillant pour s'attacher au nouvel arrivant.
Il était effrayant. Sa démarche traduisait qu'il était pourri de suffisance, et l'arrogance suintait par tous les pores de sa peau. Le sourire qui déformait ses lèvres était...Il ne lui donnait qu'une envie, celle de reculer, et d'entrer enfin dans la salle. Kagami, à l'instinct à fleur de peau, préférait encore s'attirer les foudres de la professeur de coréen, que tomber dans la ligne de mire de cet homme.

Elle ne comprenait pas pourquoi il agissait de cette façon. Il paraissait plutôt le genre de pion à enfoncer le plus possible les élèves. Kagami ne tarda pas à comprendre, quand elle entendit le mot « prostituée ». A ce mot, elle eut envie de se jeter sur lui pour lui faire ravaler son insulte. La seconde envie fut de tirer sur le bas de sa jupe short de tennis. Mais, dans un cas comme dans l'autre, elle s'abstint. Elle avait décidé de ne pas s'écraser, c'était également valable pour lui.

Mais quand il dégaina son katana pour le pointer sur le premier surveillant, Kagami recula d'un pas. Manifestement, ce pion n'était pas de celui qui se laisse marcher sur les pieds. Mais étant donné qu'il n'avait pas reçu d'attaque directe, la jeune femme supposait plutôt qu'il se saisissait du moindre prétexte pour dégainer. Il n'eut d'ailleurs pas à attendre longtemps, puisque son « adversaire » battit rapidement en retraite, laissant Kagami seule avec lui.

- Tu es assez sexy petite, j'aimerais bien savoir comment s'appelle cette fille qui a un corps aussi envoutant...

La réplique de Kagami ne se fit pas attendre. L'espace d'un instant, elle avait voulu le remercier de l'avoir sortie de ce mauvais, mais avait l'intuition d'être tombée pire encore.

-Je m'appelle Kagami Gaitan. Et toi? Je voudrais bien savoir le nom du Lolicon qui se trouve obligé de mater les gamines dans les couloirs!

Kagami appuya ses paroles cinglantes d'un geste en apparence anodin. Elle qui ne portait son sac que sur une épaule, passa la lanière autour de son cou pour la passer en bandoulière. Ainsi, il la gênait moins, et lui donnait les deux mains libres. Or, quand elle se libère les mains, c'est souvent qu'elle pense se servir bientôt de son Don: Elle ne peut utiliser le Contrôle de la Douleur que par imposition des mains.

Bien droite, faisant face au pion avec une expression assurée sur le visage, elle attendait les représailles qui ne manqueraient pas de tomber. Avec un sourire intérieur, elle imaginait déjà « A insulté le surveillant de pédophile! », écrit en rouge dans son carnet de liaison! Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien s'en moquer! Entre un père inconnu, un beau-père tué de ses mains et une mère en prison pour ce crime, Kagami était seule, et n'avait personne pour se soucier d'elle.

Négligemment, Kagami attrapa deux baguettes décorées dans la poche de son manteau, et releva sa longue chevelure brune, avant de se confectionner un vague chignon. En cas de riposte -et elle était sûre que le pion en était capable, au vu de sa promptitude à dégainer tout à l'heure-, mieux valait se préparer à un hypothétique combat.

Quand le pion dénommé Alexander posa son doigt sous le menton de Kagami, celle-ci fut tentée de se dégager. Mais ce serait sans aucun doute considéré comme une marque de faiblesse, et elle se contenta de le foudroyer calmement de son propre regard aile de corbeau. Son arrogance ne lui inspirait que répulsion, et le regard qu'il posait sur elle l'effrayait réellement. Mais elle savait qu'il ne fallait rien montrer de sa peur -car oui, malgré ses fanfaronnades, elle avait peur- sans quoi elle le laisserait prendre l'avantage moralement sur elle.

Alexander commença à commenter son emploi du temps après s'être emparé de son carnet. Kagami ne se donna même pas la peine de répondre, continuant à se demander où il voulait bien en venir. Aussi immobile qu'elle pouvait l'être, elle prit comme un coup de poing dans le ventre la « proposition » du surveillant. Comment pouvait-il dire une chose pareille avec tant de désinvolture? Venant de n'importe qui d'autre, Kagami aurait saisi la plaisanterie. Mais le plus effrayant était qu'il semblait parfaitement sérieux.
Malgré tout le self-contrôle, elle recula d'un pas, comme si ce geste dérisoire pouvait la sortir de cette mauvaise situation. La voix tremblante de colère, elle répliqua:

-Essaye de me toucher, et je te ferai tellement mal que tu voudras en crever, espèce de sale chien!

Et pour appuyer ses paroles, elle fit trois pas en avant, et ne fit qu'effleurer le bras d'Alexander avec sa main gauche. Mais pour elle, c'était largement suffisant, et la jeune fille lui envoya une rapide décharge de forte intensité dans le bras. Cette maigre utilisation de son Don était déjà très douloureuse, mais Kagami ne voulait pas se servir du Contrôle de la Douleur à son maximum. Déjà parce qu'elle savait qu'elle prenait le contrecoup de cette utilisation tôt au tard, mais aussi parce que si Alexander comprenait qu'en attrapant ses mains, par exemple, il la rendait incapable de mettre ses menaces à exécution, elle était mal. Très mal.

Kagami recula rapidement pour instaurer une distance d'environ un mètre ou deux entre eux. Elle jeta un regard légèrement apeuré sur le katana qui pendait à la hanche de Alexander, en regrettant de ne pas savoir se servir d'une arme. Étant Starth, elle n'avait jamais appris, et la jeune fille des Silver Hope ne put s'empêcher de se dire que cela lui serait bien utilise en cet instant.

Kagami s'était décidément mise dans un sale pétrin. Malgré son Don, elle n'était pas réellement en mesure de s'opposer au pion, qui devait bien faire une tête de plus qu'elle, peser vingt kilos de plus, et qui possédait une arme. Mais, en dépit de cela, elle gardait son assurance teintée de dédain, et faisait face à Alexander comme si elle avait une chance réelle de gagner dans un combat.

-Approche-toi seulement, et nous verrons quelle dose de Douleur tu es capable de supporter! Je ne suis ni ta belle, ni ta petite!

Le rire de Alexander fit courir un violent frisson dans le dos de Kagami. Cet homme était manifestement fou, ou alors un sadique dominateur.
Il était hors de question pour elle de le laisser s'approcher, et à chaque fois que le surveillant faisait un pas, Kagami en reculait d'un. Mais, effrayée par les paroles de menace, elle ne fut pas assez rapide quand il se mit à courir.
La jeune fille s'attendait à devoir contrer une attaque de front, c'est la raison pour laquelle elle se laissa prendre au piège . Elle ressentit une très forte douleur dans la colonne vertébrale, et elle s'effondra lourdement sur le sol du couloir.

Quelque peu sonnée, Kagami cherchait à se relever quand elle sentit tout le poids de Alexander s'abattre sur elle. En un instant, elle avait perdu toute chance de prendre l'avantage, ou la fuite, les mains plaquées au sol, croisées au dessus de sa tête, et une lame pointée vers son cou. Elle continuait toujours à tenter de garder son sang-froid, mais ses yeux noirs ne parvenaient plus à cacher complètement sa peur. La Starth suivit du regard, inquiète, le dangereux ballet du katana juste au dessus d'elle. Elle crut l'espace d'un instant qu'il allait lui crever un œil -il en était parfaitement capable, et pouvait faire pire encore, elle n'en doutait pas-, mais elle ne sentit qu'une rapide brûlure au niveau de sa joue, suivit juste après par la sensation d'un liquide chaud qui coule le long de son visage. Kagami s'attendait réellement à pire, mais ne doutait pas que c'était loin, très loin d'être fini.

Depuis qu'elle était clouée au sol, Kagami se débattait comme une folle, dans le vain espoir de parvenir à se dégager. Mais c'était peine perdue, son adversaire était bien lourd, et possédait plus de force physique qu'elle. Ses mains et ses jambes étaient bloquées, elle ne pouvait rien faire, et cette sensation d'impuissance la rendait presque aussi folle de rage que le regard psychopathe du surveillant qui s'approchait d'elle. Un coup de langue rapide vit cueillir le sang sur sa joue, ce qui lui arracha un frisson de dégoût. Kagami vit la lame se replacer au dessus de sa gorge, tandis que le pion lui demandait de le supplier.

A son tour, Kagami éclata de rire. Pas un rire de dingue, ou de fou dangereux, non. Un rire de mépris, de dédain. Elle avait beau se trouver dans une situation intenable, sa grande gueule lui permettait de ne pas s'écrouler. Plongeant son regard nuit dans les yeux rougeoyants de Alexander, elle répliqua tout bas, en détachant bien chacun de ses mots :

-Tu peux toujours rêver! Si tu attends de moi que je supplie un chien comme toi, il gèlera en Enfer avant ça!

Sans s'arrêter de se débattre vainement, Kagami eut une sorte de geste de désespoir. Sans se soucier des conséquences, elle cracha à la figure du surveillant. Avec un grand sourire mauvais, elle dit ensuite:

-Voilà tout ce que tu mérites, connard!

Ce fut la goutte d'eau qui fait déborder le vase, non pas quand la demoiselle se mit à rire ou quand elle répliqua avec ses paroles, mais son crachat énerva le surveillant plus que jamais. Elle venait de lui manquer de respect au plus haut point et c'est alors qu'il plaqua la tête de la demoiselle contre le sol avec force pour lui donner un bon coup sur la tête pour lui faire mal et lui tira les cheveux férocement à en les arracher et lui redonna un coup sur la tête avec le sol en rigolant sadiquement. Il lui prit alors la main gauche pour la mettre bien en évidence et en prenant son Katana, il planta la lame en plein dans la paume avec sauvagerie pour ensuite la faire tourner lentement pour qu'elle souffre au plus au point tout en voyant le sang qu'elle laissait couler de la plaie, puis il retira la lame d'un coup sec pour se remettre comme il faut pour qu'elle ne bouge pas.

- Ca fait mal très chère ? Je l'espère bien car j'adore voir des petites idiotes dans ton genre souffrir par mes petites tortures et encore je suis assez gentil je trouve, je ne t'ai fais que cela, car je peux faire bien pire et cela te traumatiserait à vie je pense. J'ai horreur qu'on me manque de respect ainsi et croit moi, je pense que tu vas vite être la cible parfaite grâce à cette marque que je vais te faire...

Reprenant son arme, il s'approcha de son épaule et commença alors à faire quelques petites coupures dessus pour y mettre un étrange signe, une aile de démon avec un crâne. Il lécha le sang qui en coulait pour arrêter la blessure et la cicatriser un peu. Puis il la relâcha enfin pour mettre une petite heure de colle dans le carnet de la demoiselle et lui jetait à la figure pour que tout les papiers tombent et qu'elle soit obligée de tout ramasser.

- Je t'ai mis ma petite signature personnelle, ainsi je pense que le "prince du mal" te retrouvera rapidement pour te faire payer ce que tu m'as fais. ~ Pauvre petite âme perdue... tu cherchais à montrer ton courage... le prince viendra pour te tuer... tu ne serras plus qu'un cadavre ! ~ Chantait-il doucement d'une manière sadique.

Il se mit alors à rire encore et encore en voyant la blessure sur l'épaule de la demoiselle, allant même aux larmes de moquerie en étant comme un véritable monstre qu'on aurait relâché de l'asile de fou alors qu'il ne serait même pas encore guérit de sa folie.

Kagami n'ignorait pas que ce geste de défi était totalement stupide et inutile. Il ne lui redonnait aucun avantage sur l'adversaire, et était un geste de défi purement gratuit. Mais quand on se retrouve immobilisée au sol, avec pour adversaire un dingue qui semble prêt à aller bien plus loin que cela, ce ne sont plus les capacités cognitives qui parlent, mais simplement un instinct primitif de survie.
La Starth sentit soudain une main agripper violemment ses cheveux, et lui claquer la tête contre le sol avec force. De par un self-contrôle qu'elle ne s'imaginait pas posséder, Kagami parvint à ne pas laisser échapper le moindre son de ses lèvres, et cela alors même qu'elle sentait ses cheveux devenir poisseux sous l'effet du sang qui s'écoulait d'une blessure ouverte. Sa vision voilait, et elle vit à peine Alexander se saisir de sa main, et la placer bien dans son champ de vision. Elle aperçut néanmoins le katana dans l'autre main du surveillant, et comprit ce qui allait se passer. Sous l'effet de la peur, Kagami cherchait toujours à se débattre, mais c'était toujours inutile.

La lame du katana entra dans sa main avec une facilité déconcertante. Cette fois-ci, la jeune fille ne put retenir un hurlement, qui retentit dans tout le couloir. Cela tournait dans sa chair, lui arrachant un long gémissement. Étrangement, l'une des rares pensées claire des Kagami à cet instant fut qu'il lui faudrait un moment avant de pouvoir de nouveau jouer au tennis. Comme si son esprit s'attardait sur des choses futiles pour nier un peu plus longtemps l'évidence.

Le traçage du signe sur l'épaule de Kagami ne fut pas le plus douloureux, mais sans aucun doute le plus humiliant. Comme si Alexander voulait lui signifier qu'elle lui appartenait, qu'elle était sa petite chose dont il pouvait disposer à loisir...

Kagami fut soulagée en sentant le poids sur elle s'envoler, et l'acier dans sa main se retirer avec un geste sec. Elle resta un instant étendue, sans vraiment trouver la force de se relever, tandis que Alexander griffonnait quelque chose dans son carnet. Elle finit par se redresser difficilement, se répétant intérieurement de ne pas faire attention au sang qui coulait de sa tête, de sa main et de son épaule. Faire comme si c'était normal, ne pas en tenir compte...

La sinistre mélodie que chantait Alexander secoue Kagami d'un violent frisson, tandis qu'elle ramassait calmement les feuilles éparses sur le sol. Quand elle en eut terminé avec ce geste anodin, il chantait "Tu ne seras plus qu'un cadavre" . Alors qu'il riait en observant la marque qu'il lui avait faite à l'épaule, Kagami ne put s'empêcher d'en faire de même. Le crâne dégoulinant d'hémoglobine lui souriait macabrement, l'air de dire "Tu ne peux pas m'échapper...".

Incapable de supporter cette situation plus longtemps, Kagami eut un nouveau sursaut de désespoir, et se jeta sur Alexander. Usant de l'effet de surprise, elle saisit la garde du katana, et le dégaina. Elle fit aussitôt trois pas en arrière pour s'approprier complètement l'objet. La jeune fille le menaça avec durant un court moment, sachant pertinemment qu'elle ne savait pas s'en servir. Mais pour l'utilisation qu'elle en souhaitait, pas besoin d'entraînement.

Rapidement, Kagami lâcha la garde, saisissant l'arme par la lame. Mais étrangement, elle la retourna contre elle, visant son épaule déjà blessée. Serrant les lèvres, elle s'enfonça violemment le katana, recouvrant de sang neuf la marque hideuse tracée plus tôt par le surveillant. Réprimant un cri, elle fit elle aussi tourner la lame dans sa chair, bien plus profondément que ne l'avait fait Alexander pour la marquer. Elle se doutait que cette blessure, beaucoup plus imposante, recouvrirait en cicatrisant le crâne et l'aile.

Une fois sûre que ce geste de masochisme pur atteindrait son but, Kagami arracha le sabre, et le jeta aux pieds du surveillant. Le souffle court et précipité, elle dit:

-Je ne suis pas ta chose!